Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sans colorants ni conservateurs
2 août 2006

Mon père, ce héros.

Elle_et_moi

Plum s'évade enfin. Direction le port, la plage de galets et le concert roots.

Dans les petites rues marchandes du port, Boucanier Plum chaparde deux ou trois babioles, grimpe sur quelques barrières. Les poches vides et pourtant, rapidement les mains pleines. Sourire de celle qui ne fait que passer, heureuse de retrouver la civilisation perdue.

Ils ont des dreads qui touchent le sol tant elles sont longues, et leurs peaux sont noires comme une danette au chocolat. Ils savent sourirent mieux que personne, et du bout des doigts ils m'envoient quelques notes, qui me rappelent de ne pas quitter la roots.

Boucanier Plum se plait là, quelques heures face aux vagues, face contre vibes, la tête de Brune endormie dans son cou.

Et puis il y a le paternel qui aprés des années de silence, prend la parole. Il raconte l'histoire d'un type.

Un type qui débarque en France à l'age de 17 ans. Il vient de Madagascar, et il s'extasie devant les escalators des Nouvelles Galleries. Pas un sous en poche. Une mère qui n'a pas encore trouvé en France le moyen de nourrire les frères et soeurs. Etant l'aîné, il part avec sa guitare sur le dos. Juste sa guitare. Il va jusqu'au port. Ce port. Ce type là s'assoit sur les marches juste ici, tous les soirs, et il joue. Il gagne 80 francs par soirée. Et chaque jour, il se nourrit avec une seule et unique bouteille de lait. Une putain de bouteille de lait. Le reste de l'argent file direct dans le grand sac en toile. C'est de l'argent liquide, uniquement de la monnaie, jetée sur les pavés par quelque mélomane préssé. Quand vient le week end, il ramène son grand sac de toile à la mère, et avec les frères et soeurs, il le vide sur le lit. Et puis ils font des piles avec l'argent, et lui, il observe le sourire des frangins.

Ce type là connait rien à la France. Et lorsqu'on lui dit de monter aux Angles pour faire fortune, c'est en chemise qu'il y va. Ce type là affronte donc la tempète de neige en chemise et en sandales. Ses dents se mettent à geler et il ne peut plus ouvrire la bouche. Il a sur son crane, un casque de glace de deux centimètres d'épaisseur. Mais il continue, pour aller se rechauffer chez ce bouregois qui aime sa musique.

Et puis un beau jour, l'ange du Seigneur apparait.

Comment ce type là a-t-il pu changer à ce point? Comment l'ange du seigneur a-t-il pu le transformer de la sorte? Regarde toi, padre, regarde toi. T'es là à chanter que Dieu est grand, tu vois même pas à quel point t'es devenu minuscule.

Chantent, les rastamen. Dort, la princesse Brune. Brûlent, les souvenirs du petit malgache.

Boucanier Plum s'allume une clope, regarde les marches desertes ou, trentre ans plus tot, chantait son père.

D'ou vient donc ce vent d'Espagne? Combien de temps pour traverser les montagnes? Lequel des deux, a le plus souffert? Suis-je vraiment, la fille de mon père?

Ressaisis toi Boucanier Plum. Brune se reveille. A toi de sourire, à toi de lever la tête, souviens toi ce qui t'attend. Tous les anges du seigneur peuvent bien se réunir, ils ne feront pas de toi ce qu'ils ont fait de lui.

A vous de cogner plus fort.

Debout sur le zinc : Les moutons.

little_catwomanEt? Route sombre et droite definitivement détruite à coup de moisonneuse batteuse.

Publicité
Publicité
Commentaires
U
J'adore ta plume et en plus tu écoutes de la bonne musique, mais je ne frapperais pas plus fort question de principe je ne frapperais pas.
Sans colorants ni conservateurs
Publicité
Albums Photos
Publicité